La Une / Les dégonfleurs de pneus de 4x4 ont repris leur action sous la caméra de la RTBF
Tremblez, « katkat » ! C’est le retour des Flagadas
Suivre une nuit de dégonflage de pneus de 4x4, de collage d’autocollants vengeurs appelant à la diminution de la pollution et d’épandage de boue, c’est ce qu’avait fait le journal Le Soir dès novembre dernier, avant que les dégonfleurs, qui se dénomment eux-mêmes les Flagadas, suspendent provisoirement leurs actions. Aujourd’hui, les Flagadas sont de retour sur le terrain, puisqu’une équipe d’« Autovision », l’émission auto de la RTBF, les a suivis dans leur tentative de « sensibilisation » des propriétaires de traction intégrale aux soucis qu’ils causent en ville.
Original : « Autovision », qui fête ses dix ans de diffusion consécutive, a même organisé un minidébat entre un chaud partisan du 4x4 et un des Flagadas à l’arrière d’une superbe Jeep (D'ieteren, importateur des Porsche Cayenne et Volkswagen Touareg, ayant refusé son concours). Le débat est resté courtois, mais on ne pouvait imaginer qu’ils se mettent d’accord. D’un côté, le dégonfleur, argumentant du taux de mortalité plus élevé des piétons et cyclistes avec un véhicule plus haut et plus lourd, soulignant la surconsommation que celui-ci induit et le faux sentiment de sécurité qu’une position haute de conduite et une insonorisation poussée donnent au conducteur de 4x4. De l’autre, le conducteur, arguant de la meilleure visibilité pour le conducteur et du niveau de sécurité de ces véhicules, disposant souvent d’une sécurité active haut de gamme et, s’énervant, un peu, argumentant qu’il était encore libre d’acheter librement un véhicule légalement et largement mis sur le marché !
Deux visions de la société
Une bonne démonstration qu’au-delà d’un débat, parfois assez jésuite car il existe des 4x4 de petit gabarit et des monstres de métal sans traction intégrale, ce sont deux visions de la vie en commun qui s’opposent entre Flagadas et anti-Flagadas. « La société occidentale est en train de s’attaquer à la liberté de respirer un air sain. Le XXIe siècle sera moins con… sommateur ou ne sera pas », entonnent des Flagadas grimés comme des indépendantistes corses.
Les Flagadas tiennent aussi à épingler des personnalités médiatiques qui s’emmêlent les pinceaux. Comme Carl de Moncharline, figure de la nuit bruxelloise, organisateur des roller-parades, mais qui roule en 4x4. Comme l’explorateur Alain Hubert, qui, selon les Flagadas, vient faire ses conférences sur le réchauffement de la planète au volant d’un gros 4x4. Comme cette tête pensante de Greenpeace qui utilise, paraît-il, ce type de véhicule pour aller aux réunions sur la surconsommation énergétique…
Pas de chance ! Ces trois-là ont laissé leurs bolides sous la protection d’une solide porte de garage et ce sont d’autres 4x4 qui ont fait les frais de la descente des Flagadas qui plaident non pour la disparition des 4x4, mais pour leur usage réservé aux professionnels (chantiers, agriculture).
Ce n’est pas la moindre des objections que l’on peut faire aux Flagadas : les 4x4 qu’ils « décorent » ou dégonflent sont généralement à l’écart des endroits branchés où des conducteurs abusent de leur véhicule pour se garer sur trottoirs et passages pour piétons… S’ils veulent stigmatiser davantage un comportement qu’un type de véhicule, il n’est pas sûr qu’ils touchent la bonne cible. « Nous comprenons la colère des conducteurs, mais nous voulons lancer le débat de l’utilisation de 4x4 dans la ville, répliquent les Flagadas. Les conducteurs estiment que c’est leur liberté d’utiliser ce véhicule. Nous nous sentons agressés par l’empreinte que prennent les 4x4 dans la ville. »
FRÉDÉRIC SOUMOIS
« Autovision », la Une, dimanche à 17h55, lundi à 23h50, mardi à 9h30.